Quelle alimentation avec la maladie de Crohn ?
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La maladie de Crohn se caractérise dans sa phase de poussée par des douleurs abdominales, des diarrhées ou encore certains signes extra-intestinaux. Bien souvent, ces symptômes ont un retentissement au niveau de l’état nutritionnel du patient. Manque d’appétit, perte de poids, carences alimentaires… Quel est le rôle joué par l’alimentation dans la maladie de Crohn ? Quels sont les conseils alimentaires à appliquer pour mieux vivre avec la maladie ?
Qu’est-ce que la maladie de Crohn ?
La maladie de Crohn est une pathologie inflammatoire de l’intestin faisant partie des MICI. Plus de 200.000 personnes en France seraient concernées par cette maladie, selon les chiffres de l’Observatoire National des MICI.
Cette affection chronique se caractérise par une inflammation d’une partie du tractus digestif associée à un défaut de la réponse immunitaire. La maladie de Crohn concerne le colon dans la majorité des cas, ainsi que l’iléon (partie terminale de l’intestin grêle). Il s’agit d’une maladie qui fonctionne par alternance de cycles de durées variables d’activité et de rémission.
Quel est le lien entre maladie de Crohn et l’alimentation ?
Aujourd’hui, il n’existe pas de cause clairement identifiée venant expliquer les symptômes de la maladie de Crohn. Certaines recherches scientifiques soulèvent désormais le rôle de certains facteurs génétiques et environnementaux (comme l’alimentation) qui pourraient être mis en cause. Ces éléments seraient responsables d’un déséquilibre observé au niveau du microbiote intestinal. Notre flore intestinale étant constituée de 2 kg de microorganismes vivant en symbiose avec notre organisme, son dérèglement pourrait provoquer certaines réactions inflammatoires et immunes à l’origine des MICI.
Il est donc tout à fait légitime de penser que l’alimentation puisse jouer un rôle dans la maladie de Crohn. Aucune preuve clinique légitime n’a pourtant été avancée à ce jour. Néanmoins, même si l’alimentation ne peut pas guérir la maladie de Crohn, certaines recommandations alimentaires peuvent permettre de réduire, voire faire disparaître quelques symptômes.
L’alimentation avec une maladie de Crohn
Le patient atteint de Crohn doit souvent jongler entre certains aliments à favoriser en cas de carences alimentaires et ceux à éviter lors des phases de poussées intestinales. La diarrhée provoque une diminution des liquides et des électrolytes, tandis que le manque d’appétit peut nécessiter des apports alimentaires plus importants. Ce rapport complexe à l’alimentation nécessite souvent de faire l’objet d’une discussion avec un gastro-entérologue, qui peut alors recommander un suivi par une diététicienne.
Quelques conseils alimentaires selon les phases
S’il n’existe pas de conseil alimentaire type, l’alimentation dans la maladie de Crohn peut être variable selon la phase. En cas de diarrhées lors de la phase de poussée de la maladie, il est parfois nécessaire de passer par une étape de régime sans résidus : c’est-à-dire sans fibres, graisses cuites, lactose (mal digéré en cas de MICI) et sans amidon. Ce régime n’est cependant pas à poursuivre sur le long terme du fait des carences qu’il engendre.
Pour prévenir les insuffisances et éviter l’amaigrissement, il est en effet important de pourvoir aux besoins de l’organisme en adaptant les apports énergétiques lors des phases de rémission. Il peut donc être intéressant d’augmenter la part de protéines en privilégiant les viandes maigres (comme la dinde ou le poulet) ainsi que les aliments riches en calcium et en vitamine D (tel que le fromage râpé). Pour lutter contre l’anémie et augmenter le taux de fer de l’organisme, la consommation de poisson et d’œufs est recommandée. Le lactose et les fibres pourront d’ailleurs être progressivement réintroduits au menu selon la tolérance du patient. Les matières grasses seront également les bienvenues pour augmenter le nombre de calories, à condition d’être bien supportées par l’organisme.
Les traitements médicamenteux peuvent aussi être source de restrictions au niveau alimentaire, attention aux produits transformés contenant du sel ou du sucre en cas de corticothérapie.
Quelques conseils généraux
Pour prévenir tout désagrément digestif, il est souvent conseillé de privilégier de petites quantités et de manger plus régulièrement. Cela permet de ne pas trop solliciter le tractus digestif et d’identifier rapidement si un aliment n’est pas toléré par l’organisme. C’est parfois le cas avec des aliments non épluchés qui peuvent être irritants pour l’intestin.
Les boissons gazeuses, mais aussi d’autres aliments tels que l’oignon, l’ail ou encore les choux sont à proscrire, car ils entraînent ballonnements et gaz. Mieux vaut remplacer les sodas par de l’eau ou encore certaines boissons énergétiques afin de compenser les pertes hydriques et électrolytiques lors des diarrhées.
Enfin, il est parfois envisagé de supplémenter l’alimentation dans la maladie de Crohn avec certaines vitamines pour réduire les carences. Le médecin ou le diététicien peut alors recommander la prise de compléments alimentaires.
Avec une maladie de Crohn, l’alimentation peut nécessiter quelques adaptations. Néanmoins, il est important de maintenir un régime alimentaire le plus équilibré possible pour compenser les pertes et conserver une bonne santé. Mais l’alimentation ne doit pas être le seul levier d’amélioration, car la santé d’un individu passe aussi par la sphère du bien-être physique et psychologique. Certains facteurs d’aggravation de la maladie sont donc à bannir du quotidien tel que le stress, le tabac ou encore le manque d’activité sportive. Pour en savoir plus, consultez notre article sur les symptômes de la maladie de Crohn.
Les conseils alimentaires cités ci-dessus ont pour but de soulager la maladie de Crohn. Il s’agit de recommandations générales, à adapter selon votre état de santé. Ils ne se substituent en aucun cas aux avis émis par votre médecin.
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